Le 30 mars 2020
Chers frères et chères soeurs dans le Christ,
Il y a un mois, quand nous avons pris ensemble la route du Carême, nous ne pouvions imaginer que notre itinéraire spirituel allait être radicalement altéré par l’éclosion de la pandémie de coronavirus. Nous nous attendions à entrer dans le désert de nos pratiques de Carême habituelles en nous abstenant de certains aliments ou de certains plaisirs et en nous efforçant d’être plus attentionnés les uns envers les autres et plus attentifs aux besoins des pauvres. Au lieu de cela, nous sommes entrés brusquement dans l’inconnu d’un désert grevé de peur, de maladie et même du spectre de la mort.
Néanmoins, ces circonstances inattendues et déroutantes n’invalident pas nos pratiques traditionnelles du Carême. Nous sommes toujours appelés à jeûner, mais cette fois, nous devons renoncer à quelque chose qui nous est particulièrement cher, l’Eucharistie, les sacrements et la consolation de nous retrouver en assemblée croyante pour les célébrer. Ce jeûne, cette abstinence nous font mesurer encore mieux tout le prix qu’ils ont pour nous.
La grâce du jeûne, c’est de nous sensibiliser à la faim que nous avons de Dieu et de nous orienter, à mesure que nous nous approchons de notre Dieu aimant, vers des oeuvres de justice et de sollicitude pour les autres. Dans le contexte actuel, le jeûne que nous pratiquons nous met au service du bien commun de notre collectivité. Et notre prière, qui caractérise le repentir de notre Carême, n’est pas seulement pour nous et ne nous fait pas seulement approfondir notre engagement baptismal, mais elle est aussi pour les malades, pour les personnes courageuses qui en prennent soin et pour les dirigeantes et les dirigeants qui guident notre pays à travers cette crise.
Toutefois, dans notre cheminement de Carême, il y a une chose qui ne change pas. Le Carême est un temps sacré qui nous fait redécouvrir qui nous sommes dans le Christ, et qui nous amène à renouveler notre consécration en Lui. Pendant les quarante jours que Jésus a passé au désert, il a mieux compris qu’il était le Fils bien-aimé du Père et qu’il était appelé à proclamer le Royaume de Dieu. Le désert dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui n’est pas seulement un lieu d’angoisse et de ténèbres, mais aussi le moyen qui nous est donné de redécouvrir que nous aussi, nous sommes les filles et les fils bien-aimés de Dieu, et qu’à ce titre, nous sommes envoyés en disciples missionnaires de Jésus proclamer l’Évangile à un monde qui en a désespérément besoin.
Mais, nous le savons, nous en sommes certains, Dieu nous a choisis, et c’est pourquoi nous pouvons dire avec saint Paul:
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? […] Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? […] Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. (Romains 8,31-32.35.37-39).
En ces temps difficiles, je vous garde toutes et tous dans mon coeur et dans ma prière, en attendant et en espérant avec vous le jour où nous pourrons nous rassembler de nouveau dans nos églises pour chanter les louanges de notre Dieu!
Sincèrement uni à vous dans le Christ,
Mgr Ronald P. Fabbro, C.S.B.
Évêque de London